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L’ECOUTE DU BEBE COMPROMISE PAR LA LEGISLATION ?



Après le décret d’août 2000 relatifs aux établissements et services d’accueil pour les enfants de moins de six ans , la mise en place de la PSU - prestation de service unique - par les CAF a transformé de façon plus ou moins importante selon les lieux la façon de penser et d’organiser l’accueil des jeunes enfants.

L’ouverture des structures d’accueil à un plus grand nombre d’enfants avec une plus grande mixité sociale est un des objectifs annoncés par les CAF. Celles-ci visent également l’adaptation de l’accueil au plus près des « besoins des familles » en favorisant le développement des multi-accueils et en introduisant une comptabilisation horaire des temps de présence réelle des enfants pour que chacun paie uniquement ce qu’il utilise.

On parle contrat, pointeuse, code-barre, optimisation des capacités des structures…
Entre le temps social invoqué pour les familles et le temps comptable rappelé par les gestionnaires, quelle reconnaissance du temps psychique de chacun ?

Comment les tout petits peuvent-ils organiser leur monde intérieur avec ces nouvelles modalités d’accueil ?
Quelle est l’incidence de ces nouvelles donnes sur la possibilité des adultes, parents et professionnels, à soutenir une continuité psychique pour les bébés ? Dans quelle difficulté à penser se retrouvent parfois les professionnels…Confrontés à quelles contradictions dans l’application de ces directives ?

Entre la Prestation de Service « Unique » et le « multi »-accueil ,comment penser les conditions d’une séparation socialisante pour chacun des enfants accueillis ?

Un amalgame et un paradoxe gênent considérablement la réflexion des équipes dans ces nouvelles modalités.

Quand les besoins des enfants et ceux des parents sont confondus dans les « besoins des familles » , l’effet est confusionnant: les liens parents-enfants sont pensés en termes de « fusion » ; l’enfant et ses parents seraient-il du pareil au même ?
Qu’en est-il alors d’un sujet en devenir, dans une construction identitaire où la différenciation est nécessaire ?

Dans les lieux d'accueil, c'est au travers de la symbolisation de l'absence de leur parents qu'on soutient les tout-petits dans cette construction.

Transformer tout ce travail de symbolisation de l’absence des parents en valorisation comptable de la présence des enfants c’est promouvoir la logique financière du parking (on paye le temps que l’on consomme). Les bébés seraient-ils à garer?
N’est-ce pas alors le statut même des enfants qui s’en trouverait modifié?
Bien sûr alors se trouverait profondément bouleversé le travail des professionnels:
les exigences ne sont pas du tout les mêmes quand il s’agit de garder un objet en l’absence de son propriétaire et lorsqu’il s’agit de soutenir et d’accompagner un enfant comme sujet dans ses premières séparations.
C’est un décret des modes d’accueil qui est paru en août 2000,sa réglementation financière n’est-elle pas actuellement essentiellement celle des modes de garde?
L’accueil d’un enfant c’est bien autre chose que le temps de sa garde.

A rabattre l'économie psychique des touts-petits et des adultes qui les accompagnent à une logique de l’économie de marché , ne risque-on pas de jeter les bébés avec l’eau de leur bain?